« On me l'avait décrit comme un monstre, une montagne de muscles et d'encres, un air si rustique qu'on n'oserait point le contredire. J'avais en tête, l'image d'un tyran tortionnaire, un ogre du nouveau siècle, un malotru qu'il ne fallait guère approcher sous peine d'être déchiqueté en mille morceaux.

Mais en entendant sa voix, j'ai réalisé que la peinture cachait un tout autre décor. J'ignorais son nom, mais le ton de sa voix me disait tout. Elle était à la fois douce et salée; un curieux mélange de tempête fleurie et de puissance ravageuse. J'avais envie de l'écouter d'avantage, d'apprendre les accents de sa langue comme on apprend une partition délicate et de ternir l'odeur étoffée qui s'échappait de sa peau tatouée.

Mais la bête effrayante qui se mouvait autour de moi sans me remarquer n'avait rien d'un monstre féroce. L'armure formée par ses tatouages n'avait point d'épine et point de ronce. L'inconnu à la voix de miel cachait sa peau derrière des dessins et des contours colorés, des belles cicatrices de figures gravées dans sa chair pour ne jamais oublier. Il était une toile blanche qu'il fallait absolument recouvrir, il était une oeuvre d'Art que personne ici ne semblait comprendre. Personne. Sauf moi.  »

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JULES  

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